Thomas vit bien qu’il n’était pas le plus fort. Il ne répondit point, et pleurant de rage, il alla ramasser son chapeau. Puis il sortit en montrant le poing à son frère et en lui disant d’un ton de menace :
« — Quand tu me reverras !… »
Jean resta donc seul.
Tout le reste de l’après-midi, il l’employa à essayer de faire marcher son moulin ; mais, bernique ! la grand’roue faisait un tour, puis, crac ! la mécanique s’arrêtait net.
« — On verra demain ce qui l’empêche d’aller, se dit à la fin Jean Plante. En attendant, fêtons, puisqu’il n’y a pas autre chose à faire. »
Et notre homme installa sa cruche sur la table et se mit à boire, que c’était une bénédiction. Un verre de rhum n’attendait pas l’autre, si bien qu’à minuit, il était saoûl comme trois cent mille Polonais.
Il songea alors à se coucher.
C’est une chose facile à faire quand on est à jeun et qu’un bon lit nous attend ; mais, lorsque les jambes refusent le service, il faut s’y prendre à plusieurs fois avant de réussir. Or, cette nuit-là, le meunier avait les siennes molles comme de la laine.