Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/44

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Et il se mit à ricaner. Mais son plaisir ne dura pas longtemps.

La lumière reparut au bout de cinq minutes et, pendant une bonne heure, elle se promena d’une fenêtre à l’autre, comme si une main invisible l’eût fait marcher. En même temps, il arrivait de l’intérieur du moulin des bruits de chaînes, des gémissements, des cris étouffés, que c’était à faire dresser les cheveux sur une tête chauve et à croire que tous les diables d’enfer faisaient sabbat là-dedans. Puis, quand ce tapage effrayant eut cessé, ce fut autre chose. Des feux follets bleus, verts, rouges se mirent à danser et courir sur le toit, d’un pignon à l’autre. Il y en eut même qui vinrent effleurer la figure du pauvre ivrogne, au point qu’ils lui roussirent un peu la chevelure et la barbe. Enfin, pour combler la mesure, une espèce de grand chien à poil roux, haut de trois pieds, au moins, rôdait au milieu des arbres, s’arrêtant parfois et dardant sur le meunier deux gros yeux qui brillaient comme des charbons enflammés.

Jean Plante avait froid dans le dos et les cheveux droit-à-pic sur la tête, comme des broches à tricoter.