Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome II, 1890.djvu/136

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— Ah ça ! mais deviens-tu fou ! s’écria Antoine… Trente piastres, c’est un beau denier !

— Ma tête et celle de mon frère valent plus, je pense.

— Il n’y a pas de risques à courir.

— Vas-y toi-même, en ce cas.

— Moi, non : on se défierait.

— Alors, laisse-la vivre, et buvons à sa santé… Je paye la traite pour la circonstance.

Et Jean Pape, ouvrant un grand coffre, en tira une bouteille de whisky, qu’il déposa sur la table et qu’il flanqua de deux tasses de ferblanc.

— Sers-toi, dit-il à Antoine.

Celui-ci, quoique de mauvaise humeur, ne se fit pas prier et avala d’un trait.

Jean Pape se versa une bonne rasade et, élevant sa tasse à la hauteur de sa bouche, il dit d’un ton goguenard :

— À la santé de cette pauvre vieille Démone ! Que le diable lui accorde encore de longs jours, pour voir mourir sur la paille ce mesquin d’Antoine Bouet !

Et il but lentement, avec volupté.

— Satané feu d’enfer ! cinquante piastres !