Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome II, 1890.djvu/283

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Tant de crimes inutiles !…

Et, parmi tous ces crimes, le plus atroce de tous, un fratricide !

Ce frère unique, dont il avait causé la mort, il le revoyait en imagination, tendant vers son bourreau des mains suppliantes, tandis que lui, Antoine, achevait impitoyablement l’œuvre fatale !

Et cette autre victime, cette vieille femme presque centenaire qu’il avait étranglée de ses propres mains, mais qu’un miracle avait sauvée, ne surgirait-elle point du fond de la rivière où son maigre corps se balançait au gré des vagues, pour venir le menacer, pendant ses nuits sans sommeil, de ses yeux verdâtres, qui faisaient une si étrange impression !…

Antoine frissonnait à cette idée.

Puis, émergeant du sein de ce brouillard où flottait sa pensée, se dressait l’image de sa pupille, qu’il avait reléguée sur une île déserte, au pouvoir d’un sauvage brutal qu’aucun des freins de la civilisation ne retenait !…

Ces deux spectres et cette enfant dansaient sous son crâne une gigue macabre qui lui donnait le vertige.