Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/115

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Et Louise, toute tremblante, regarda anxieusement son frère.

« J’en ai, ma sœur, répondit gravement le Caboulot.

— Tu as des nouvelles de Gustave ?… tu sais où il est ? demanda vivement la jeune fille, qui devint pâle.

— Mieux que cela : je l’ai vu.

— Ici, à Québec ?

— À l’Université, où il est étudiant en médecine, comme moi.

— Ah ! mon Dieu ! »

Et Louise, étourdie par cette nouvelle imprévue, se laissa tomber sur un siège.

Depuis six ans que Gustave Lenoir – il portait son vrai nom à cette époque – était allé subir, au pénitencier de Kingston, la condamnation que lui avait valu son duel avec Lapierre, aucune nouvelle de lui n’était parvenue au Canada.

On s’était répété vaguement que le malheureux jeune homme, après s’être sorti de prison, avait traversé la frontière et s’était lancé tête baissée dans le formidable tourbillon de la guerre américaine. Mais, à part ce maigre renseignement, on ignorait absolument ce qu’il était devenu. Et le père de Gustave lui-même, questionné à ce sujet, déclarait ne rien savoir sur le compte de son fils.

De sorte que toutes les connaissances du jeune Lenoir avaient fini par le croire mort, tué sans doute – comme tant de ses compatriotes – dans une de ces épouvantables boucheries de la guerre de sécession.

Louise seule, ou à peu près, persistait à espérer… Son cœur, revenu tout entier aux chastes élans du premier amour, se refusait à accepter l’idée d’une