— Ce serait rouvrir inutilement une plaie maintenant fermée. »
La jeune fille s’approcha de son frère, puis lui prenant les mains :
« Mon cher enfant, dit-elle gravement, tu te trompes : la blessure dont tu parles saigne toujours. »
Le Caboulot la regarda avec surprise et douleur.
« Quoi ! fit-il, tu aimerais encore cet homme ?
— Eh bien ! oui, je l’aime ! répondit Louise avec explosion.
— Même après ce qu’il a fait ?
— Surtout après ce qu’il a fait, repartit avec force la jeune fille. S’il n’eût pas souffert à cause de moi, peut-être l’aurais-je oublié à jamais !… »
Le Caboulot paraissait ahuri.
Il regardait sa sœur avec des yeux hagards.
Tout à coup, un souvenir lui traversa la tête, et il lui fut impossible de se contenir plus longtemps.
« Eh bien ! ma sœur, s’écria-t-il, aime-le si tu veux, mais ce n’en est pas moins un fier misérable.
— Un misérable ?
— Oui, oui, un misérable, un gredin, un gibier de potence, tout ce que tu voudras ! » glapit le Caboulot exaspéré.
Et, comme Louise paraissait altérée, l’enfant reprit doucement :
« Vois-tu, ma chère sœur, je lui aurais peut-être pardonné le mal qu’il t’a fait, s’il eût montré du repentir… mais, loin de là, le brigand cherche à faire d’autres victimes, et, pas plus tard que la nuit dernière, Gustave nous racontait…
— Gustave ? interrompit Louise avec stupeur.