Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/153

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puis une demi-heure, à proximité du chemin royal, qu’un roulement de voiture fit résonner le macadam et cessa tout à coup, presque en face de l’endroit où se tenait blotti l’ex-fournisseur.

Un homme sauta sur la route, enjamba la haie vive et s’engagea résolument dans un sentier du parc.

Lapierre ne vit qu’une seconde la figure du nouvel arrivant, mais c’en fut assez pour que le misérable restât cloué à sa place, pâle, tremblant, pétrifié, comme si la tête de Méduse lui fût apparue…

« Lui ! lui ! s’écria-t-il… Gustave Lenoir ? »

Et, n’en pouvant croire ses yeux, il prit sa course pour aller, par un long circuit, s’embusquer près d’un petit pont que devait traverser l’inconnu.

Cette fois, le doute ne fut plus permis, et Lapierre reconnut tout à son aise la mâle et sombre figure de son ancien antagoniste.

Le jeune homme marchait d’un pas rapide, comme quelqu’un qui se hâte vers un but arrêté ; et Lapierre ne put empêcher ses jambes de flageoler et sa face blême de se couvrir d’une sueur froide, en se faisant une réflexion terrible :

« Il va "la" rencontrer… il va lui parler… Je suis perdu ! »

Et, en formulant cette pensée, le misérable tira machinalement de sa poche un revolver tout armé, et en dirigea le canon vers Després ; mais celui-ci, ayant cru entendre un bruit insolite dans le feuillage, s’était arrêté et avait prêté l’oreille, en écartant les branches…

C’est ce qui le sauva.

Lapierre, revenu subitement au sentiment de la