Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/174

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pièces de monnaie que Simon faisait trébucher sur la table.

La mère Friponne ne fit qu’un saut de la cheminée à son fils. Sans plus d’explications, elle saisit le pauvre garçon à la gorge et, lui montrant le poing resté libre :

« Brigand ! rugit-elle, tu m’as volée.

— Lâchez-moi ! vous m’étouffez ! râla Simon.

— Non, je vas t’étrangler tout-à-fait.

— Aïe ! ouf !

— Fainéant ! bourreau ! assassin ! rends-moi mes pauvres épargnes.

— Aïe ! aïe ! ! aïe ! ! !

— Mon argent ! mon argent ! ! mon argent ! ! ! »

La lutte prenait des proportions épiques, et les doigts crochus de la mère Friponne étaient sur le point d’envoyer le malheureux Simon "ad patres", lorsqu’un spasme suprême le dégagea.

Son premier soin fut de mettre la table entre sa terrible mère et lui ; son second, de pousser coup sur coup trois ou quatre soupirs de cachalot. Après quoi, il cria :

« C’est à moi, cet argent-là ; c’est le beau monsieur de l’autre jour qui vient de me le donner.

— Tu mens ! grogna Friponne.

— Je mens ?… Ah ! mais vous m’y faites penser : il est à un arpent d’ici, sur la butte qui m’attend, et moi qui l’avais oublié ! »

Simon se précipita vers la porte, mais l’incorruptible Friponne le happa au passage.

« De quel monsieur veux-tu parler ? demanda-t-elle, d’une voix terrible.

— De "l’Américain".

— Ah !