Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/178

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— Oh ! rassurez-vous, reprit le questionneur, je n’ai aucunement l’intention d’aller vous dénoncer aux agents du fisc. Faites le négoce qu’il vous plaira de faire ; je n’ai rien à y voir. Vous savez ce que je vous ai dit il y a deux jours : chacun gagne sa vie comme il peut, et il n’y a que les sots qui crèvent de faim. La contrebande n’est une faute que lorsqu’on se fait prendre. C’est ma morale à moi.

— Et la mienne aussi, ne put s’empêcher d’ajouter la vieille.

— C’est la bonne, reprit Lapierre. Distillez donc en paix et ne craignez rien en moi, si vous me servez bien. Mais répondez à ma question :

« Votre cave est-elle sûre ? »

— Dame ! je crois bien ! répondit Friponne, en se gourmant… des murs de deux pieds d’épaisseur, la porte condamnée, les soupiraux défendus par des barreaux de fer gros comme mon poignet !…

— Ah ! ah !… De sorte qu’un homme qui serait enfermé là n’en sortirait qu’avec votre permission ?

— Pour ça, oui.

— En ce cas, la mère, préparez-vous à gagner encore une petite centaine de piastres et à recevoir un nouveau pensionnaire. Je vous l’enverrai probablement lundi dans la nuit. Il est un peu turbulent, mais les deux gaillards qui l’emmèneront ici vous aideront à le calmer… D’ailleurs, vous ne le garderez pas longtemps. »

La mère Friponne était éblouie.

« Ah ! mon bon monsieur, s’écria-t-elle, quel fier homme vous faites et je vous remercie donc !… Deux cents piastres ! mais c’est une petite fortune !