Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/227

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d’entrailles, chaque fois que nous serons saouls, nous irons parader en face de leurs boutiques inhospitalières. »

Cardon n’en put entendre davantage et se jeta tout sanglotant dans les bras du digne Lafleur.

De ce jour, la fondation d’une distillerie clandestine était décidée.

Restaient les fonds à recueillir et le site à trouver.

Cardon et Lafleur firent une collecte parmi leurs camarades, et le capital fut souscrit en une journée. Quant au site, au local et à quelques autres détails d’administration, ce fut plus difficile. Les deux fondateurs errèrent pendant huit grands jours, à Québec et dans les environs, sans trouver ce qui leur convenait. La sécurité de l’établissement exigeait un endroit isolé, loin des yeux de la police, tandis que la commodité des consommateurs le voulait à proximité de la ville.

Finalement, Lafleur dénicha la masure de la mère Friponne et se décida à lui faire des ouvertures.

La mère Friponne tenait alors un maigre débit de tabac moisi et de pipes ébréchées, absolument insuffisant pour faire vivre un chat. Elle accepta avec enthousiasme.

Quinze jours plus tard, un alambic était installé dans sa cave et les premières bouteilles du nouveau whisky prenaient la route de Québec, où leur contenu faisait les délices des carabins.

Depuis lors, la distillerie ne cessa de fonctionner et de répandre ses produits au sein de la joyeuse bohème des disciples d’Hypocrate ou de Cujas. À l’époque où nous en sommes rendus – c’est-à-dire deux ans après sa fondation – l’assiette de cet établissement reposait sur une base solide, et ses