Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/83

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préférence, à voltiger sur les menus détails de la toilette de son interlocuteur.

L’honnête garçon agissait-il ainsi par timidité ?… ou bien le misérable suborneur de jeunes filles craignait-il de laisser lire, par ces fenêtres grandes ouvertes de son âme, les noires machinations qui s’y tramaient ?…

Peut-être !

Dans tous les cas, ce tic singulier donnait à notre nouvel Adonis un petit air faux et un certain cachet d’hypocrisie qui déparaient bien un peu les grâces séduisantes de ses autres traits… Mais, comme on ne rencontre guère d’homme parfait et que, d’ailleurs, le défaut dont il est question résidait plutôt dans l’expression du regard que dans le regard lui-même, Lapierre n’en passait pas moins pour un des plus beaux hommes de Québec, aux yeux des juges féminins. Et plus d’une de ces dames, qu’un secret dépit rendait accommodante, ne se gênait pas pour dire que la riche demoiselle Privat faisait, en somme, un excellent mariage, puisqu’elle payait avec du "vil métal" aisément acquis tant de grâce et tant de perfection…

Madame Privat – il faut bien le dire – paraissait être un peu de cette opinion ; mais sa fille envisageait probablement la chose, à un point de vue plus élevé et moins spéculatif, car il était de toute évidence qu’elle ne partageait pas l’engouement général à l’égard de son futur époux. Calme et presque insouciante, elle voyait arriver sans trouble comme sans impatience le jour solennel où elle associerait à jamais sa vie à celle du brillant jeune homme qui faisait tourner tant de têtes. Plus que cela, les gens sérieux de son entourage – ses vrais amis, ceux-là, – remarquaient avec