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BARNABÉ RUDGE.

CHAPITRE PREMIER.

Il y avait en 1775, sur la lisière de la forêt d’Epping, à une distance d’environ douze milles de Londres (en mesurant du Standard[1] dans Cornhill, ou plutôt de l’endroit sur lequel ou près duquel le Standard avait accoutumé d’être aux temps jadis), un établissement public appelé le Maypole[2] comme pouvaient le voir tous ceux des voyageurs qui ne savaient ni lire ni écrire (et, il y a soixante-six ans, il n’y avait pas besoin d’être voyageur pour se trouver dans ce cas-là), en regardant l’emblème dressé sur le bas côté de la route en face dudit établissement. Ce n’est pas que cet emblème eût les nobles proportions des maypoles plantés d’ordinaire dans les anciens temps ; mais ce n’en était pas moins un beau jeune frêne, de trente pieds de haut et droit comme n’importe quelle flèche qu’un arbalétrier de la yeomanry d’Angleterre ait jamais pu tirer.

Le Maypole (ce terme exprime à partir d’à présent la maison, et non pas son emblème), le Maypole était un vieux bâtiment avec plus de bouts de chevron sur le pignon qu’un désœuvré ne se soucierait d’en compter par un jour de soleil ; avec de grandes cheminées en zigzag d’où il semblait que la fumée elle-même ne pouvait sortir, quoi qu’elle en eût, que sous des formes naturellement fantastiques, grâce à sa tortueuse ascension ; enfin avec de vastes écuries, sombres, tombant en

  1. Point de départ officiel des bornes milliaires, comme à Paris la cathédrale de Notre-Dame.
  2. Arbre de mai, communément appelé autrefois un mai.