Page:Dickens - Barnabé Rudge, tome 2, Hachette, 1911.djvu/203

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« Ah ! que c’est embêtant ! dit M. Tappertit. Voyons ! des hommes ici ! qu’on l’empoigne, et qu’on la remette sous les verrous ; on n’aurait jamais dû lui ouvrir.

— Mon Simmun ! criait Mlle Miggs en larmes et défaillante ; mon cher, mon béni, mon adoré à toujours Simmun !

— Voyons ! allez-vous vous tenir, hein ? disait M. Tappertit d’un ton tout différent, ou bien je vais vous laisser tomber par terre. Que diable avez-vous donc à glisser comme ça vos pieds le long du plancher au lieu de vous redresser ?

— Mon bon ange Simmun ! murmurait Miggs…. Il m’a promis….

— Promis ! Ah ! c’est vrai, répondit Simon d’un ton bourru. N’ayez pas peur, je vous tiendrai ma promesse. Je vous ai dit que je vous pourvoirais, et vous pouvez y compter. Allons ! mais tenez-vous donc !

— Où voulez-vous que j’aille à présent ? Qu’est-ce que je vais devenir après ce que j’ai fait ce soir ? cria Miggs. Je n’ai plus d’autre lieu de repos à espérer que le silence de la tombe.

— Plût à Dieu que vous y fussiez déjà, dans le silence de la tombe, répliqua M. Tappertit, et d’une bonne tombe encore, et bien serrée…. Venez ici, cria-t-il à l’un des camarades ; puis il lui donna le mot d’ordre à voix basse dans le tuyau de l’oreille. Emmenez-la avec vous. Vous savez où ? »

L’autre fit signe qu’il le savait ; et la prenant dans ses bras, malgré ses protestations, ses sanglots et sa résistance, y compris les égratignures, qui ne laissaient pas de rendre la lutte peu agréable, il enleva son Hélène. Tous ceux qui étaient restés jusque-là dans la maison sortirent dans la rue. Le serrurier fut mis en tête de la bande et forcé de marcher entre deux conducteurs. Toute la troupe se mit aussitôt en mouvement ; et sans cri, sans tumulte, ils allèrent droit à Newgate, et firent halte au milieu d’une masse énorme d’insurgés déjà réunis devant la porte de la prison.