Page:Dickens - Barnabé Rudge, tome 2, Hachette, 1911.djvu/213

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Un grand cri ! Encore ! encore ! sans que la plupart pussent savoir pourquoi, ni ce que cela voulait dire. C’est que les gens qui étaient autour de la porte l’avaient vue céder tout doucement et se détacher du gond d’en haut. Elle n’était plus suspendue de ce côté que sur celui d’en bas ; mais cela ne l’empêchait pas de rester encore toute droite, soutenue derrière par la barre, et affermie par son propre poids, qui l’avait fait enfoncer au pied, dans le tas de cendres. On voyait maintenant par en haut une ouverture béante, à travers laquelle se montrait un passage obscur, caverneux, sombre…. « : Entassez le feu ! »

Le feu brûlait avec rage. La porte en était toute rouge et l’ouverture s’élargissait. Ils essayaient en vain de s’abriter le visage avec leurs mains, et, debout, tout prêts à prendre leur élan, ils surveillaient le progrès de leur œuvre. On voyait passer le long du toit de sombres figures, les unes rampant sur leurs mains et leurs genoux, les autres emportées à bras. Il était clair que la prison ne pouvait pas tenir plus longtemps. Le gouverneur, avec ses agents, leurs femmes et leurs enfants, s’échappaient…. « Entassez le feu ! »

La porte s’enfonce encore ; elle descend plus avant dans les cendres…. elle chancelle…. elle cède…. la voilà par terre !

Ils poussent un nouveau cri, reculent un pas et laissent un espace libre entre eux et l’entrée de la prison. Hugh saute sur le monceau de braise ardente et fait voler dans les airs un tourbillon d’étincelles, illumine le sombre passage avec les flammèches qui se sont attachées à ses vêtements, et s’élance dans l’intérieur.

Le bourreau le suit. Et alors il s’en précipite tant d’autres derrière eux, que le feu s’écrase sous leurs pas et va joncher la rue ; mais ils n’ont plus besoin de lui maintenant : au dedans comme au dehors, toute la prison est en flammes.