Page:Dickens - Barnabé Rudge, tome 2, Hachette, 1911.djvu/233

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leur aide à la destruction de la maison, trouva une poupée de petite fille…. un méchant jouet…. qu’il exposa par la fenêtre aux yeux de la populace dans la rue, comme une idole qu’adoraient les habitants de la maison. Pendant ce temps-là, un autre de ses compagnons, qui avait la conscience aussi tendre (c’étaient justement ces deux hommes-là qui avaient été les premiers à faire rôtir tout vifs les serins), s’assit sur le parapet de la maison, pour adresser de là à la foule une harangue tirée d’une brochure mise en circulation par l’Association, sur les vrais principes du Christianisme. Que faisait, pendant ce temps-là, le lord-maire ? Il avait les mains dans ses poches, contemplant tout cela du même œil qu’il aurait contemplé tout autre spectacle, charmé, à le voir, d’avoir trouvé une bonne place.

Tels furent les rapports communiqués au vieux négociant par ses serviteurs, pendant qu’il était assis auprès du lit de M. Haredale, sans avoir pour ainsi dire fermé l’œil depuis le commencement de la nuit, aux cris de la populace, à la lueur des divers incendies, au bruit de la fusillade des soldats. Si on ajoute à ces détails la mise en liberté de tous les prisonniers de la prison neuve, à Klerkenwell, bon nombre de vols commis dans les rues contre les passants, car la foule pouvait faire à son aise tout ce qui lui venait dans la tête, telles furent les scènes dont, heureusement pour lui, M. Haredale ne se douta seulement pas, et qui se passèrent toutes avant minuit.


CHAPITRE XXV.

Quand les ténèbres commencèrent à faire place au jour, la ville avait un aspect étrange.

C’est à peine si personne avait songé à se coucher de toute la nuit. L’inquiétude générale était si visible sur les visages des habitants, avec une expression si altérée par le défaut de sommeil (car tous ceux qui avaient quelque chose à perdre