Page:Dickens - Barnabé Rudge, tome 2, Hachette, 1911.djvu/301

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avouez seulement ce crime abominable ; implorez seulement le pardon du ciel et de ceux que vous avez offensés sur la terre. Écartez seulement ces vaines pensées qui vous troublent, et qui ne se réaliseront jamais, pour ne compter que sur votre repentir et votre sincérité, et je vous promets, au nom suprême du créateur, dont vous avez détruit l’image, qu’il vous donnera aide et consolation. Et moi, cria-t-elle en joignant les mains et en levant les yeux au ciel, je jure devant lui, devant lui qui connaît mon cœur et qui peut y lire la vérité de mes paroles, je vous promets, à partir de ce moment-là, de vous aimer tendrement comme autrefois, de veiller sur vous nuit et jour durant le court intervalle qui nous reste, de vous prodiguer les témoignages de ma plus fidèle affection comme je le dois, de joindre mes prières aux vôtres pour que Dieu suspende le jugement qui menace votre tête, pour qu’il épargne notre fils et lui permette de bénir ici son saint nom, de son mieux, le pauvre enfant, à l’air libre et à la clarté du jour. »

Il recula et fixa ses yeux sur elle, pendant qu’elle lui adressait ces prières ardentes, comme s’il était un moment frappé de respect pour elle, et qu’il ne sût que faire. Mais la crainte et la colère prirent bientôt le dessus, et il la repoussa avec mépris.

« Allez-vous-en ! cria-t-il. Laissez-moi. Vous complotez contre moi, n’est-ce pas ? Vous voulez me faire parler, pour aller dire que je suis bien ce qu’on soupçonne. Malédiction sur vous et votre enfant !

— Hélas ! elle est déjà tombée sur lui, la malédiction, répliqua-t-elle en se tordant les mains.

— Qu’elle y tombe plus lourdement encore ! Qu’elle tombe sur lui et sur vous tous ! Je vous déteste tous les deux. Je n’ai plus rien à perdre. La seule consolation qui puisse me rester et que je me souhaite, c’est de savoir avant de mourir que la malédiction vous atteint. À présent, partez. »

Elle allait encore lui faire de douces instances, même après cet éclat de fureur ; mais il menaça de la frapper de sa chaîne.

« Je vous le répète, partez…. je vous le répète pour la dernière fois. Le gibet me tient dans ses griffes, et c’est un noir fantôme qui peut me porter encore à d’autres excès.