Page:Dickens - Barnabé Rudge, tome 2, Hachette, 1911.djvu/303

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était son crime, et que c’était lui qui avait mis leurs vies en péril ; ne trouvant, au milieu de ces réflexions, qu’une triste consolation dans son fanatisme, ou dans sa vocation imaginaire ; c’était le malheureux auteur de tout le mal…. lord Georges Gordon.

On l’avait arrêté le soir même. « Si vous êtes sûr que c’est moi que vous voulez, dit-il à l’officier qui l’attendait à la porte de chez lui avec un mandat d’amener, sous la prévention de haute trahison, je suis prêt à vous accompagner…. »

Et en effet, il le suivit sans résistance. On commença par le conduire devant le Conseil privé, puis à la caserne des Horse-Guards, puis on l’emmena par le pont de Westminster, pour éviter l’embarras des rues, jusqu’à la Tour, sous l’escorte la plus forte qu’on eût encore vue chargée d’y conduire un prisonnier seul.

De tous ses quarante mille hommes, il ne lui en restait pas un pour lui tenir compagnie. Tant amis que protégés, clients et serviteurs…. il n’avait personne. Son tartuffe de secrétaire l’avait trahi ; et l’homme qui s’était laissé, dans sa faiblesse, pousser et compromettre par tant d’intrigants uniquement occupés de leurs intérêts personnels, se trouvait à présent seul et abandonné.


CHAPITRE XXXII.

M. Dennis, ayant été fait prisonnier à une heure avancée le même soir, fut emmené pour la nuit seulement au violon voisin, et le lendemain, samedi, on le fit comparaître devant un juge de paix. Comme les charges qui s’élevaient contre lui étaient nombreuses et importantes, qu’en particulier, il fut prouvé par le témoignage de Gabriel Varden qu’il avait manifesté bonne envie de lui ôter la vie, il fut renvoyé devant les assises. De plus, il eut l’honneur distingué de se voir considérer comme un chef de révoltés, et de recevoir de la bouche même du magistrat la flatteuse assu-