Page:Dickens - Barnabé Rudge, tome 2, Hachette, 1911.djvu/61

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tôt du désordre. Les dames ne sont bonnes ici qu’à détourner nos vaillants soldats de leurs devoirs. Elles auraient bientôt rempli la place, si on les laissait faire. Allons, vite !

— Serrez les rangs ! cria Simon à plein gosier ; en avant, marche ! »

La pauvre femme était tombée sur le gazon. Tout le camp était en mouvement. Barnabé était entraîné au cœur d’une masse épaisse de ligueurs ; elle ne le voyait plus.



CHAPITRE VII.

La populace ameutée avait été tout d’abord divisée en quatre sections ; celles de Londres, de Westminster, de Southwark et d’Écosse. Chacune de ces divisions se décomposait elle-même en divers corps, dont la figure et les contours, étant loin d’offrir un ensemble uniforme, présentaient au premier coup d’œil un ordre auquel il était impossible de rien comprendre, excepté peut-être pour les chefs et les commandants : car, pour les autres, c’était comme le plan de bataille qui n’est pas fait pour être compris du simple soldat, dont l’affaire est de se faire tuer en attendant. Pourtant, il ne faudrait pas croire que ce grand corps n’eût pas une méthode à lui. Car il n’y avait pas cinq minutes qu’on avait commandé le mouvement, que déjà la masse s’était répartie en trois grandes sections, prêtes à passer chacune, selon les ordres donnés antérieurement, la rivière sur un pont différent, et à se diriger par détachements séparés sur la chambre des Communes.

C’est à la tête de la section qui avait pour direction le pont de Wesminster, que lord Georges Gordon prit sa place. Il avait Gashford à sa droite et autour de lui une espèce d’état-major composé de sacripants et de coupe-jarrets. La conduite de la seconde section, qui devait passer par Blackfriars, était confiée au Comité d’administration, composé de douze citoyens. La troisième enfin, qui devait prendre Lon-