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point de départ sans avoir rien découvert : l’œil de M. Guppy en fait autant et rencontre celui de M. Smallweed.

« Comment vous portez-vous ? répète toujours l’affreux vieillard. Comment vous… »

Il s’arrête brusquement, ainsi qu’une boîte à musique dont le ressort a besoin d’être remonté. Un silence profond succède aux paroles automatiques du vieux ladre, et M. Guppy fait un soubresaut en apercevant en face de lui M. Tulkinghorn, impassible dans l’ombre, et les mains derrière le dos.

« Ce gentleman a la bonté d’agir auprès de moi en qualité de conseiller légal, dit M. Smallweed pour répondre à la surprise que témoigne M. Guppy ; certes, ajoute-t-il, je ne suis pas fait pour être le client d’un juriste de cette importance ; mais ce monsieur est si bon ! »

M. Guppy donne un coup de coude à M. Weevle, pour l’avertir de regarder une seconde fois autour de la chambre, et salue M. Tulkinghorn, qui lui fait un léger signe de tête. L’éminent juriste a l’air d’être complétement étranger à ce qui se passe autour de lui, et de n’y apporter aucun intérêt.

« Vous avez dû trouver beaucoup de choses dans cette maison, monsieur Smallweed ? fait observer M. Guppy.

— Un tas de vieilleries et de guenilles, mon cher ami ; des débris sans valeur. Nous cherchons, Bart, Judy et moi, à faire l’inventaire de ce qui peut être vendu, et nous n’avons pas encore trouvé grand’chose, trou…vé… »

Le ressort est à bout, et M. Smallweed s’arrête.

« Nous ne voulons pas vous déranger plus longtemps, dit M. Weevle, et nous vous demanderons la permission de monter dans la chambre que j’habitais autrefois.

— Allez, mon cher monsieur, allez où vous voudrez ; faites ici comme chez vous ; cette maison est la vôtre. »

En montant l’escalier, M. Guppy interroge du regard M. Weevle, qui fait un signe négatif. Ils arrivent dans l’ancienne chambre de Tony qui leur paraît affreuse ; les cendres du feu qu’ils firent pendant cette soirée mémorable sont encore dans la grille ; tout ce qu’ils touchent leur inspire une répugnance indicible ; ils se dépêchent d’empaqueter les quelques objets qu’ils sont venus prendre, et ne parlent qu’à voix basse.

« Voyez donc là-bas… cet horrible chat qui vient d’entrer, dit M. Weevle en se reculant avec effroi.

— Horrible bête, en effet, répond William qui se retire derrière une chaise. Small m’a raconté qu’après avoir été toute la nuit dans une fureur inexprimable, elle s’était sauvée sur le