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t-elle tout à coup ; Gridley !… mais certainement ! cher docteur ! le général Georges va nous tirer d’affaire. »

Et courant aussitôt chercher son pauvre petit châle, son vieux chapeau et son sac de documents, elle vient retrouver le docteur à qui elle raconte, chemin faisant, que le général Georges, qu’elle voit quelquefois, connaît sa chère Fitz-Jarndyce, et lui porte un grand intérêt ; d’où Allan conclut que le général est un excellent homme qui ne peut manquer de leur être utile.

En entrant dans la galerie de tir, qui heureusement n’est pas loin, M. Woodcourt augure à merveille de ce qu’il voit, et surtout de M. Georges qui fume sa pipe en se promenant de long en large, et dont les muscles vigoureux se devinent sous la simple toile qui les couvre.

« Votre serviteur, monsieur ! dit-il en saluant militairement après avoir écouté avec un sourire la présentation pompeuse que miss Flite vient de lui faire.

— Un officier de marine ? ajoute le maître d’armes.

— Je suis fier de la méprise, reprend Allan ; mais je n’appartiens à la marine qu’en qualité de chirurgien.

— Vraiment, monsieur, j’aurais pensé que vous portiez l’habit bleu. »

M. Woodcourt espère que c’est un motif pour que M. Georges lui pardonne sa visite importune, et veuille bien surtout ne pas éteindre sa pipe ainsi qu’il en avait d’abord manifesté l’intention.

« Vous êtes bien bon, monsieur, répond le sergent, et comme je sais que le tabac ne déplaît pas à miss Flite, je vais donc, monsieur, puisque vous le permettez… »

M. Georges complète sa phrase en portant sa pipe à ses lèvres et en continuant de fumer tandis que M. Woodcourt lui raconte l’histoire du pauvre Jo.

« C’est lui ? demande le maître d’armes en regardant la porte d’entrée où Jo examine, bouche béante, les grandes lettres peintes sur le mur, qui ne signifient rien du tout pour lui.

— Oui, monsieur, répond Allan, et je suis fort embarrassé ; je ne veux pas le conduire à l’hôpital, car il n’y resterait pas deux heures, en supposant qu’on voulût bien l’y recevoir ; la même objection s’applique aux maisons de refuge, en admettant que, pour l’y faire entrer, j’eusse la patience de supporter les prétextes et les mensonges qu’on emploierait pour me renvoyer de Caïphe à Pilate, système qui ne me va pas du tout.

— À personne, monsieur, dit le maître d’armes.

— Je suis sûr qu’il ne resterait dans aucun endroit public, poursuit M. Woodcourt, en raison de la terreur que lui inspire