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chaque matin m’asseoir auprès de son lit. Rien n’était plus facile que ce voyage ; il suffisait de se lever un peu plus tôt qu’à l’ordinaire, de terminer tous mes comptes et de régler mon ménage avant de quitter la maison ; cependant, à mon retour de ma troisième visite, mon tuteur me dit le soir : « Dame Durden, je ne peux pas souffrir cela ; une goutte d’eau qui tombe sans cesse use la pierre qui la reçoit et ces allées et venues continuelles useraient notre petite femme. Nous irons tous à Londres, et nous nous installerons dans notre ancien logement.

— Pas pour moi, cher tuteur, qui ne me fatigue jamais. » C’était la vérité ; j’étais bien trop heureuse d’être utile à quelqu’un.

« Eh bien, ce sera pour moi, répondit mon tuteur, ou pour Éva, si ce n’est pour tous les deux ; d’ailleurs, n’est-ce pas demain le jour de naissance de quelqu’un ?

— Oui, » répondis-je en embrassant Mignonne aimée, qui était à la veille d’avoir vingt et un ans.

« C’est pour cela que ma belle cousine sera beaucoup mieux là-bas qu’ici, répliqua mon tuteur ; sa majorité l’oblige à certaines formalités indispensables pour légaliser son émancipation, et nous irons à Londres, c’est une affaire réglée ; mais dites-moi, comment va Caroline ?

— Pas bien du tout, cher tuteur ; je crains qu’elle ne soit longtemps encore avant de pouvoir se lever.

— Qu’appelez-vous longtemps ? demanda M. Jarndyce d’un air pensif.

— Quelques semaines ; ou du moins j’en ai peur. »

M. Jarndyce fit plusieurs fois le tour de la chambre, les deux mains dans ses poches et comme absorbé par ses réflexions, puis s’arrêtant devant moi :

« Que pensez-vous du médecin qui la soigne ? me dit-il ; croyez-vous qu’il mérite toute confiance ? »

Je n’avais pas de raison pour douter de sa capacité ; cependant je fus obligée d’avouer que Prince avait témoigné le désir de voir l’opinion de son docteur confirmée par un autre.

« Il faut proposer Woodcourt, » reprit vivement M. Jarndyce.

Cette réponse me prenait au dépourvu ; tout ce qui dans mon esprit se rattachait au docteur me revint en ce moment à la mémoire et me rendit toute confuse.

« Auriez-vous quelque objection à faire à ma proposition, petite femme ?

— Pas le moins du monde.

— Croyez-vous qu’il déplaise à la malade ?