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ces nuées d’insectes qui aiment à venir se grouper autour de la flamme ; et une nouvelle consultation avait lieu. Le cercle de nos recherches se rétrécissait peu à peu ; de simples agents de police pouvaient maintenant dire à M. Bucket ce qu’il voulait savoir et lui indiquer où il devait aller.

« Miss Summerson, me dit-il enfin, après avoir causé assez longtemps avec l’un d’eux, rassurez-vous, nous avons découvert la trace de la personne que nous cherchons ; j’espère vous inspirer assez de confiance pour n’avoir pas besoin de vous en dire davantage et pour que vous consentiez à descendre et à marcher un peu, surtout si j’ajoute que cela pourra nous être utile. »

Je sortis de la voiture immédiatement et je pris le bras de M. Bucket.

« Il n’est pas facile de vous suivre, me dit-il ; calmez-vous, chère demoiselle, ne vous pressez pas tant.

— Ne sommes-nous pas dans Holborn ? lui demandai-je.

— Oui, répondit-il ; connaissez-vous la rue où nous allons entrer ?

— On dirait Chancery-Lane.

— Précisément, chère demoiselle. »

Nous y entrâmes, et tandis que nous longions ses murailles, les pieds dans la neige à demi fondue, l’horloge sonna cinq heures et demie ; nous marchions en silence, pressant le pas autant que possible, lorsque nous rencontrâmes sur l’étroit pavé un gentleman enveloppé d’un manteau et qui se détourna pour nous laisser passer ; j’entendis au même instant un cri de surprise et mon nom que prononçait M. Woodcourt dont je reconnus la voix.

Je m’attendais si peu à cette rencontre, et l’émotion que j’en éprouvai fut si vive, en le retrouvant après cette course fiévreuse et au milieu de la nuit, que je ne pus retenir mes larmes. C’était comme si j’avais entendu sa voix en pays étranger.

« Miss Summerson, vous dehors à cette heure et par un temps pareil ! »

Il savait par M. Jarndyce qu’on était venu me chercher pour une affaire importante et s’empressa de nous le dire pour nous dispenser de toute explication. Je répondis que nous venions de descendre de voiture et que nous allions… je fus obligé de regarder celui qui me conduisait.

« Nous allons dans la rue voisine, répondit mon guide. Je suis l’inspecteur Bucket. »

M. Woodcourt, sans vouloir écouter mes remontrances, avait ôté son manteau et me le posait sur les épaules.