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qu’après un pareil avertissement vous vous seriez abstenu désormais de toute conspiration.

— Qui conspire ? demande M. Guppy.

— Vous, répond M. Jobling.

— Non ! affirme M. Guppy.

— Si ! retourne M. Jobling.

— Qui ose le dire ? poursuit M. Guppy.

— Moi ! riposte M. Jobling.

— En vérité ? s’écrie M. Guppy.

— Oui, vraiment ! » répète M. Jobling.

Et tous les deux, s’étant échauffés, ils marchent quelque temps sans rien dire, afin de recouvrer leur sang-froid.

«  Tony, reprend alors William, si au lieu de l’accuser vous écoutiez votre ami, vous ne tomberiez pas dans de semblables méprises. Mais vous vous emportez et ne réfléchissez pas. Doté par la nature de tout ce qui charme les yeux…

— Oh ! je vous en prie, s’écrie M. Weevle, ne parlons pas de mes charmes, et dites ce que vous avez à dire. »

Cette disposition morose de son ami oblige M. Guppy à refouler en lui-même les sentiments les plus délicats de son âme, dont l’expression ne se trahit plus que par le ton offensé avec lequel il reprend la parole.

«  Tony, poursuit-il, quand je disais tout à l’heure qu’il était important d’éclaircir entre nous, et le plus tôt possible, un point auquel je faisais allusion, je parlais d’une chose complétement étrangère à toute espèce de complot. Vous savez que dans toutes les causes qui doivent être jugées, les faits que les témoins ont à prouver sont légalement discutés à l’avance. Est-il ou n’est-il pas convenable que nous sachions sur quels faits nous aurons à déposer dans l’enquête qui va s’ouvrir relativement à la mort de ce vieux gred… de cet infortuné gentleman ? (M. Guppy allait dire gredin : mais il pense que gentleman est plus approprié aux circonstances.)

— Sur quels faits ? demande Tony.

— Les faits sur lesquels portera l’enquête. » 1o, dit M. Guppy en comptant sur ses doigts, 1o ce que nous connaissons des habitudes de ce gentleman ; 2o à quelle époque nous l’avons vu la dernière fois ; 3o dans quelle condition il se trouvait alors ; 4o comment nous avons découvert l’événement dont il s’agit, et ce que nous savons à cet égard.

— Oui, répond M. Weevle ; tous ces faits sont relatifs à la cause.

— Notre découverte a eu lieu, continue William, par suite