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ma parole qu’il n’avait rien à craindre ; êtes-vous maintenant rassuré à cet égard ?

— Complétement, monsieur, dit le papetier ; et si je suis inutile à M. Tulkinghorn…, je pense que ma petite femme pourrait bien être inquiète…

— Merci, monsieur Snagsby, je n’ai plus maintenant besoin de vous, répond le vieux procureur, et je vous suis fort obligé de la peine que vous avez bien voulu prendre.

— Oh ! pas du tout, monsieur ; j’ai bien l’honneur de vous saluer.

— Ce qui me plaît en vous, dit l’officier de police en reconduisant le papetier et en lui donnant force poignées de main, c’est que je sais bien que vous êtes un de ces hommes à qui l’on chercherait vainement à tirer les vers du nez. Quand une fois vous avez la conscience de n’avoir pas fait de mal, vous mettez ça de côté ; c’est une chose terminée et vous n’y pensez plus. N’est-ce pas ?

— C’est ce que je m’efforce de faire, répond M. Snagsby.

— Vous y réussissez à merveille, réplique M. Bucket, et c’est précisément ce que j’estime chez un homme de votre profession. »

M. Snagsby prend congé de l’officier de police, et retourne chez lui tellement troublé qu’il se demande s’il est bien éveillé, si les rues qu’il parcourt, la lune qui brille existent réellement, et si tout cela n’est pas un rêve ; mais il est bientôt mis hors de doute à cet égard par l’incontestable réalité de sa petite femme qu’il trouve en papillotes et en bonnet de nuit, et qui vient d’envoyer Guster à la police pour y déclarer la disparition de M. Snagsby, après avoir, pendant les deux dernières heures, passé par tous les degrés d’évanouissement qu’on puisse imaginer. « Heureusement, dit-elle d’une voix émue, qu’on m’en a fait revenir ! »


CHAPITRE XXIII.

Narration d’Esther.

Nous revînmes à Bleak-House après être restés six semaines chez M. Boythorn. Pendant ces six semaines qui s’étaient écoulées fort agréablement, nous avions été souvent dans le parc, et il