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venir à ma rencontre dès qu’elle m’eut aperçue. Après avoir échangé quelques mots de politesse affectueuse, Richard prit congé de nous et nous laissa toutes deux.

«  Prince a une élève dans le Square et a obtenu la clef du jardin pour nous, me dit aussitôt miss Jellyby ; si vous voulez faire un tour avec moi, je vais fermer la porte et je pourrai vous dire tout à mon aise pourquoi j’avais tant besoin de vous voir.

— Cela me convient parfaitement, » lui répondis-je. Caroline m’ayant embrassée ferma la porte, prit mon bras et nous nous promenâmes tranquillement dans le jardin.

«  Comme vous m’aviez dit, reprit-elle, que j’aurais tort de me marier sans en parler à ma mère, et même de lui laisser ignorer mon engagement avec M. Turveydrop, bien que je sois persuadée qu’elle ne s’y intéresse pas beaucoup, j’ai dit à Prince ce que vous pensiez à cet égard, d’abord parce que je désire profiter de vos conseils, et, ensuite, parce que je n’ai pas de secret pour lui.

— J’espère qu’il a été de mon avis ?

— Oh ! certainement ; d’ailleurs, il approuve tout ce que vous dites ; vous ne vous faites pas une idée de l’opinion qu’il a de vous. Toute autre que moi en serait jalouse, dit-elle en riant et en hochant la tête avec malice ; mais tout cela me fait plaisir, car vous êtes la première amie que j’aie jamais eue, la meilleure que je pourrai jamais avoir ; et plus on vous aimera, plus je serai contente.

— Chère et bonne Caroline, vous conspirez avec les autres pour me rendre la plus heureuse des femmes ; mais de quoi vouliez-vous m’entretenir ?

— Eh bien, reprit-elle en croisant les mains sur mon bras d’un air confidentiel, nous avons donc beaucoup parlé de cela, Prince et moi ; puisque miss Summerson, lui disais-je…

— Vous n’avez pas dit miss Summerson, j’espère bien !

— Non, non, s’écria-t-elle le visage tout rayonnant, j’ai dit à Prince, puisque c’est l’opinion d’Esther, je suis décidée à tout apprendre à maman, dès que vous le jugerez convenable ; et je crois qu’Esther est également d’avis que ma position serait plus franche et plus honorable si vous faisiez la même communication à M. Turveydrop.

— Vous aviez raison, Caroline : Esther est complétement de cet avis, répondis-je.

— Vous voyez donc bien ; mais Prince en fut profondément troublé. Non pas qu’il ait le moindre doute à cet égard ; mais