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LE CRICRI DU FOYER.

regard inquisiteur ne quittait plus John : on eût dit qu’il donnait à cet œil, à son visage et à toute sa personne un tour de vis, comme s’il eût voulu arracher la vérité au voiturier.

« Tranquillisez-vous, répondit John ; il est entré la nuit dernière dans cette chambre, sans recevoir de moi le moindre mal ni la moindre injure ; et personne n’y est entré depuis. Il est parti de sa propre volonté. Je sortirais moi-même bien volontiers de la maison pour aller de porte en porte mendier mon pain le reste de ma vie, si je pouvais faire à ce prix qu’il ne fût jamais entré ici. Mais il est venu et il est parti. J’ai fini avec cet homme.

— C’est très-bien, je vois qu’il s’en est allé à bon marché, » dit Tackleton, prenant une chaise.

La moqueuse grimace dont il accompagna ces paroles ne fut pas aperçue de John, qui s’assit aussi et se couvrit le visage avec les mains avant de continuer l’entretien.

« Vous m’avez montré hier au soir, dit-il enfin, ma femme, ma femme bien chère — qui secrètement…

— Et tendrement, insinua Tackleton.

— Aidait cet homme à se déguiser et lui donnait des occasions de la voir seule. Il n’est rien que je n’eusse préféré voir plutôt que pareille chose, et je ne crois pas qu’il soit un homme au monde que je n’eusse préféré à vous pour me la montrer.

— J’avoue que j’ai toujours eu mes soupçons, dit