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LE CRICRI DU FOYER.

Tackleton, et c’était ce qui me faisait si mal accueillir ici.

— Mais, continua John sans l’écouter, comme c’est vous qui me l’avez montrée et comme vous l’avez vue… ma femme, ma femme que j’aime… » Sa voix, son regard, sa main retrouvaient leur assurance à mesure qu’il répétait ces paroles, exprimant de sa part un projet bien arrêté par lui, — « comme vous l’avez vue à son désavantage, il est juste que vous la voyiez avec mes yeux, que vous pénétriez dans mon cœur et connaissiez ma résolution ; car j’en ai pris une, dit John en le regardant attentivement, et rien ne pourra l’ébranler. »

Tackleton murmura quelques paroles générales d’assentiment sur la nécessité de justifier une chose ou une autre ; mais il se sentit dominé par le ton ferme de son interlocuteur. Quelque simples et brusques que fussent ses manières, elles avaient une noblesse et une dignité naturelles qui ne pouvaient provenir que d’une âme inspirée par le véritable honneur.

« Je suis un homme simple et grossier, poursuivit John, n’ayant que peu de choses qui me recommandent à une femme ; je ne suis pas un homme spirituel ; je ne suis pas un jeune homme ; j’aimais ma petite Dot parce que je l’avais vue grandir depuis son enfance dans la maison de son père ; parce que je sais tout ce qu’il y avait en elle de qualités précieuses ; parce qu’elle avait été ma vie depuis des années. Il est bien des hommes à