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LE CRICRI DU FOYER.

— On ne peut pas davantage.

— Je suis resté toute cette nuit devant ce foyer, s’écria le voiturier… à la place même où elle s’est si souvent assise, à côté de moi, en me regardant avec sa douce figure. J’ai passé en revue sa vie entière, jour par jour, sans oublier un seul incident, et, sur mon âme ! elle est innocente, s’il y a un Dieu pour juger les innocents et les coupables ! »

Brave Cricri du foyer ! fidèles fées domestiques !

« La colère et la défiance m’ont quitté, il ne me reste que mon chagrin. Dans une heure de malheur, quelque ancien amoureux, mieux assorti que moi à ses goûts et son âge, abandonné pour moi peut-être, contre sa volonté, est revenu. Dans une heure de malheur, surprise, et avant de réfléchir à ce qu’elle faisait, elle s’est rendue complice de cette trahison en me la dissimulant. Elle l’a revu la nuit dernière, et a eu avec lui cet entretien dont nous avons été témoins, entretien coupable : mais, sauf ces torts, elle est innocente, s’il est une vérité sur la terre !

— Si c’est là votre opinion… commençait à dire le marchand de joujoux.

— Qu’elle parte donc, qu’elle parte avec ma bénédiction pour prix des heures de bonheur qu’elle m’a procurées, avec mon pardon pour toutes les angoisses qu’elle m’a fait ressentir… Qu’elle parte avec la paix du cœur que je lui souhaite !… Elle ne me haïra jamais ; elle apprendra à m’aimer davantage lorsque j’aurai