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LE CRICRI DU FOYER.

à gros bouillons et fut enlevée du feu. Mrs Peerybingle courut ensuite à la porte, où il eût été difficile de s’entendre au milieu du bruit des roues d’une charrette, des pas d’un cheval, de la voix d’un homme et des jappements d’un chien qui courait comme un fou à droite et à gauche, tapage auquel auraient pu se mêler bientôt les vagissements d’un enfant au maillot qui fit une apparition surprenante et mystérieuse.

D’où venait cet enfant ? comment Mrs Peerybingle l’avait-elle tout-à-coup mis dans ses bras ? c’est ce que j’ignore. Mais c’était un enfant vivant, et Mrs Peerybingle paraissait en être passablement fière, lorsqu’elle fut ramenée doucement près du feu par un homme aux formes assez rudes, beaucoup plus grand qu’elle et aussi beaucoup plus âgé, qui fut forcé de se baisser considérablement pour l’embrasser, mais elle en valait bien la peine. On se baisserait volontiers de six pieds de haut pour embrasser une femme comme elle.

« O bonté du ciel ! John, dit Mrs Peerybingle, dans quel état vous êtes, avec le temps qu’il fait ! »

On ne pouvait nier qu’il ne fût assez maltraité en effet ; le brouillard avait bordé les cils de ses paupières d’un chapelet de gouttes congelées ; l’approche du feu faisait reluire un double arc-en-ciel dans ses favoris.

« Eh ! voyez-vous, Dot, répondit lentement John en déroulant un fichu qui lui entourait le cou et en étalant