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LES CARILLONS.

Par suite de l’hommage involontaire dû à un si haut personnage, Toby introduisit un coin de son tablier entre la lettre et ses doigts.

« Ses enfants, continua Toby avec une larme dans l’œil ; ses filles… de beaux messieurs peuvent séduire leurs cœurs et les épouser ; elles peuvent être heureuses femmes, heureuses mères ; elles peuvent être jolies comme ma bien-aimée M — e—. »

Il ne put finir son nom, la lettre finale lui resta dans la gorge, plus grosse que tout l’alphabet.

« N’importe, pensa Trotty, je sais ce que je veux dire, cela me suffit à moi… » et avec cette réflexion consolante, il continua à trotter.

Il faisait un froid très-sévère ; l’air était piquant, âpre ; le soleil de l’hiver, quoique sans chaleur, brillait sur la glace, trop faible pour la fondre, et ses reflets étaient radieux. En d’autres temps, Trotty aurait pu apprendre du soleil d’hiver la leçon du pauvre, mais ce n’était pas le moment.

L’année était vieille ce jour-là. La patiente année avait traversé les reproches et les calomnies, achevant fidèlement sa carrière. Elle avait traversé le printemps, l’été, l’automne et l’hiver. Contente d’avoir fait le tour du cercle, elle courbait sa tête fatiguée pour mourir. Sans espoir, sans impulsion vive, sans bonheur actif pour elle-même, mais messagère de maintes fêtes pour les autres, elle ne demandait qu’un souvenir à son dé-