Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
LE CRICRI DU FOYER.

qu’un voiturier, le porteur ou messager du canton, — et quoiqu’ils parlent en prose, quoiqu’ils vivent en prose, nous TE remercierons de nous faire vivre dans leur compagnie !

C’était charmant de voir Dot avec sa petite taille et son enfant dans les bras : une poupée d’enfant. Elle regardait le feu avec une rêverie coquette, et penchait sa petite tête délicate sur la large épaule du voiturier, pose moitié naturelle, moitié affectée, à laquelle il se prêtait avec sa tendre gaucherie, s’efforçant d’adapter de son mieux le soutien de son robuste âge mûr à sa fraîche et verte jeunesse.

C’était charmant d’observer leur servante, Tilly Slowboy, jeune fille d’une quinzaine d’années, qui attendait, dans l’arrière-plan du tableau, qu’on lui rendît le poupon, debout, immobile, la bouche ouverte et les yeux fixés sur ce groupe ; tout-à-coup, John le voiturier, pour répondre à quelques mots de Dot, relatifs audit poupon, suspendit le geste de sa grosse main sur le point de le toucher, comme s’il avait peur de l’écraser, et se contenta de le regarder à distance, avec un mélange d’embarras et d’orgueil — tel que pourrait l’éprouver un aimable dogue s’il se trouvait un jour le père d’un jeune canari.

« N’est-ce pas qu’il est beau, John ? N’est-il pas gentil dans son sommeil ?