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LES CARILLONS.

vivrons à bon marché. Il y a là haut du foin en abondance, appartenant à un voisin, et le grenier est aussi propre que peut le rendre le balai de Meg. Courage ! ne vous désolez pas : il faut toujours un nouveau cœur pour une année nouvelle. »

La main détachée des cheveux de l’enfant était tombée tremblante dans la main de Trotty. Ainsi, Trotty, toujours parlant, conduisit Will Fern aussi facilement que s’il eût été un enfant lui-même. Étant revenu avant Meg, Trotty écouta un instant à la porte de sa petite chambre, et entendit l’enfant qui murmurait une simple prière avant de s’endormir, une prière dans laquelle fut introduit le nom de Meg et puis le sien.

Il se passa quelques minutes avant que le pauvre Trotty, tout ému, pût retrouver son sang-froid, et s’occuper du feu. Il rapprocha enfin sa chaise de l’âtre pour profiter de sa dernière chaleur, plaça la lumière sur une petite table, tira son journal de sa poche et se mit à lire avec distraction d’abord, sautant d’une colonne à l’autre, mais bientôt avec une sérieuse et triste attention, car ledit redoutable journal ramenait l’imagination de Trotty dans le même courant d’idées où l’avaient jeté les divers événements du jour. Sa sympathie pour l’oncle et la nièce l’avait heureusement distrait pendant quelque temps ; mais, seul et en lisant les crimes et les violences du peuple, il retomba dans sa triste préoccu-