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LE CRICRI DU FOYER.

tribuer impartialement, sortait et rentrait avec une mobilité étourdissante, tantôt décrivant un cercle de brusques jappements autour du cheval, pendant qu’on le bouchonnait à la porte de l’écurie, tantôt feignant de fondre comme un chien fou sur sa maîtresse, et s’arrêtant tout-à-coup au milieu d’un bond facétieux ; tantôt faisant pousser un cri de peur à Tilly Slowboy, qui, assise dans la chaise à nourrice près du feu, sentait un museau humide sur la joue ; tantôt exprimant un intérêt curieux au poupon ; tantôt tourbillonnant devant le foyer et se couchant comme s’il s’y établissait pour la nuit ; puis, se relevant et allant agiter dehors son tronçon de queue, comme s’il se fût rappelé un rendez-vous, et s’il partait au trot afin de s’y trouver exactement.

« Voici, voici la théière toute prête sur la table, dit Dot avec la sérieuse attention d’une petite fille qui joue au ménage. Voici le jambon, voici le beurre, voici le pain et le reste. — John, je vous apporte un panier à linge pour les petits paquets, si vous en avez quelques-uns… Mais où êtes-vous, John ? Prenez garde à l’enfant, Tilly, et ne le laissez pas rouler sous la grille du foyer.»

Il faut bien dire que, quoique miss Slowboy repoussât avec quelque vivacité cette recommandation prudente, elle avait un rare talent pour mettre le pauvre nourrisson dans des positions difficiles, et plus d’une fois déjà, grâce à ce talent particulier, cette frêle existence