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LES CARILLONS.

çât vers les cieux… Comment le sein d’un pauvre vieillard aurait-il pu contenir un son si vaste et si puissant ? Il s’échappa donc de cette faible prison, en faisant couler un torrent de larmes, et Trotty se cacha le visage dans ses mains. »

« Écoute ! dit le fantôme de la grosse Cloche.

— Écoute ! crièrent les autres fantômes.

— Écoute ! dit la voix enfantine. »

Un concert de voix solennelles éclata dans la tour de l’église… un chant lugubre et lent, un chant mortuaire, et Trotty, en écoutant, distingua sa fille parmi les chanteurs.

« Elle est morte ! s’écria le vieillard. Meg est morte ! son esprit m’appelle. Je l’entends.

— L’esprit de ta fille, répondit la Cloche, gémit sur ceux qui ne sont plus, se mêle avec ceux qui ne sont plus — avec les espérances, les désirs et les rêves de la jeunesse ; — mais elle vit. Que sa vie soit pour toi une leçon, une vérité vivante. Apprends de la créature la plus chère à ton cœur jusqu’à quel point il est vrai que les méchants sont nés méchants. Vois arracher un à un tous les bourgeons et toutes les feuilles de la plus belle tige qui va se dépouiller et se flétrir à tes yeux. Suis-la… jusqu’à l’heure de son désespoir. »

Chacune des figures fantastiques étendit le bras droit et fit signe à Trotty de regarder au-dessous de lui.

« Le génie des carillons t’accompagnera, dit le fan-