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LES CARILLONS.

Les mêmes messieurs lui firent peur à elle-même, lui persuadant que Richard l’abandonnerait un jour ; qu’elle aurait des enfants qui seraient du gibier de potence ; que c’était mal de se marier, et bien d’autres phrases encore. Bref, ils attendirent, attendirent, et perdirent toute confiance l’un dans l’autre, si bien qu’à la fin le mariage fut rompu. Mais tout le tort fut du côté de Richard ; car, monsieur, elle l’aurait épousé avec joie. J’ai vu mainte fois son cœur se gonfler lorsqu’il passait près d’elle en se donnant un air insouciant et fanfaron. Jamais femme ne fut plus sincèrement affligée qu’elle lorsque Richard tourna mal.

— Ah ! il tourna mal, dit le monsieur en noir retirant le tampon du baril à bière et essayant de regarder par l’ouverture.

— En vérité, monsieur, je ne sais trop s’il savait ce qu’il faisait. Je crois que son esprit s’était un peu troublé par suite de leur rupture, et que si ce n’eût été sa mauvaise honte devant ces messieurs, et peut-être aussi l’incertitude de la manière dont elle prendrait son retour à elle, il aurait passé par bien des peines et des épreuves pour avoir la promesse de Meg et son consentement à l’épouser. C’est mon idée. Il n’en dit rien : ce dont il faut le plaindre encore. Il s’adonna à la boisson, à la fainéantise, à la mauvaise compagnie. Tristes ressources pour s’étourdir et oublier quel heureux ménage il aurait pu avoir ! Il perdit sa bonne mine, sa bonne ré-