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LES CARILLONS.

de loger ici. « Ce qu’il fut jadis pour moi, me dit-elle, n’existe plus. Il est dans le cercueil côte à côte avec ce que j’étais moi-même. Mais j’ai réfléchi et je ferai cette épreuve. Je la ferai dans l’espoir de le sauver ; pour l’amour de cette innocente Meg (vous vous la rappelez) qui devait l’épouser le premier jour de l’an, et pour l’amour de son Richard. Il est venu d’ailleurs, ajouta-t-elle, au nom de Lilian. Lilian a eu confiance en lui, je ne pourrai jamais oublier cela. » Ils se marièrent donc, et lorsqu’ils vinrent s’établir ici, je me dis en les voyant : J’espère que les prophéties qui les ont séparés dans leur jeunesse ne se réalisent pas toujours. Je ne voudrais pas être ceux qui font de ces prophéties… pour une mine d’or. »

Le monsieur en noir descendit du baril et dit en prenant une attitude nouvelle : « Je suppose qu’il la maltraita lorsqu’ils furent mariés.

— Je ne crois pas qu’il l’ait jamais maltraitée, dit mistress Tugby en secouant la tête et s’essuyant les yeux… Il se rangea pendant quelque temps. Mais ses habitudes étaient trop enracinées… Il retomba bientôt dans ses vices, et les choses seraient allées de pire en pire lorsqu’il a été atteint de cette dangereuse maladie. Je crois qu’il a toujours aimé Meg… j’en suis sûre. Je l’ai vu dans ses accès de larmes et ses tremblements nerveux essayer de lui baiser la main. Je l’ai entendu appeler sa chère Meg et parler d’elle comme lorsqu’elle