Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
LE CRICRI DU FOYER.

pour laquelle ses lèvres semblaient faites, et regardant toujours son mari d’un air distrait. Cependant miss Slowboy, qui avait un talent d’automate pour reproduire quelques bribes de la conversation courante à l’usage du poupon confié à ses soins, en leur enlevant toute espèce de sens et en mettant les noms au pluriel, demanda, elle aussi, tout haut à cette jeune créature : si c’était réellement pour les Gruffs et les Tackletons, les marchands de joujoux, qu’on était allé chez les pâtissiers chercher des gâteaux de mariage, et si les mères avaient réellement le secret de deviner pourquoi les pères apportaient des boîtes, et cœtera.

« C’est donc vrai qu’elle se marie ? dit Dot. Eh ! mon Dieu ! elle et moi nous allions à l’école ensemble, John.»

John pensait sans doute, ou était sur le point de penser, peut-être, à sa chère Dot, allant encore à l’école. Il la regarda avec un sourire pensif ; mais il ne répondit pas.

« Et lui si vieux, continua Dot, lui si différent d’elle. Dites donc, John, combien d’années de plus que vous compte Gruff et Tackleton ?

— Demandez-moi combien dans cette soirée je boirai de tasses de thé de plus que Gruff et Tackletonn n’en but jamais en quatre, répliqua John en s’approchant de la table avec bonne humeur, et attaquant le jambon. Pour ce qui est de manger, je mange peu, Dot, mais ce peu me fait plaisir et me profite. »