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LES APPARITIONS DE NOËL.

dait d’habitude, avec des lunelles de spectre sur son nez de spectre. Les cheveux étaient curieusement soulevés, comme par un souffle ou une chaude vapeur ; et quoique les yeux fussent ouverts, ils restaient complètement immobiles. Ce regard et sa couleur livide le rendaient horrible, mais d’une horreur qui semblait exister en dehors de la physionomie et malgré elle, plutôt que faire partie de son expression.

Lorsque Scrooge put regarder fixement ce phénomène, le marteau redevint marteau.

Dire que Scrooge ne tressaillit pas, ou que son sang n’eut pas la conscience d’une sensation terrible à laquelle il était étranger depuis l’enfance, ce serait trahir la vérité ; mais il remit la main sur la clé qu’il avait abandonnée d’abord, la tourna brusquement, ouvrit, entra et alluma sa chandelle.

Il fit halte avec une courte irrésolution avant de refermer la porte, regarda prudemment derrière lui, comme s’il se fût attendu à revoir dans le vestibule l’image de Marley ; mais il ne vit rien contre la porte, rien… excepté les écrous qui y attachaient le marteau ; il prononça donc l’exclamation : « Bah ! bah ! » et la repoussa violemment.

Le bruit retentit dans la maison comme l’écho d’un tonnerre ; chaque chambre au-dessus, chaque barrique au-dessous, dans la cave du marchand de vin, parurent douées d’un écho à part. Scrooge n’était pas homme à