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LES APPARITIONS DE NOËL.

salle improvisée fut bientôt magnifiquement éclairée. Vint alors un ménétrier qui s’empara du grand pupître, en fit un orchestre, s’y installa et se mit à racler. Au bruit de cette musique entra Mrs Fezziwig, toute épanouie par un sourire ; entrèrent les trois miss Fezziwig, radieuses et adorables ; entrèrent les six jeunes prétendants dont elles avaient brisé les cœurs ; entrèrent tous les jeunes gens et toutes les jeunes filles employés au commerce de la maison ; entra la servante avec son cousin le boulanger ; entra la cuisinière avec l’ami intime de son frère, le marchand de lait ; entrèrent enfin quelques déserteurs des maisons voisines, entre autres un apprenti soupçonné d’être mis souvent à la diète par son maître et qui se cachait derrière une servante à qui sa maîtresse avait tiré les oreilles. Ils entrèrent tous les uns après les autres : les uns d’un air honteux, les autres hardiment ; ceux-ci avec grâce, ceux-là avec gaucherie, poussant ou poussés, n’importe, tous admirablement disposés à fêter la Noël, et chacun ayant bientôt trouvé à s’associer en couple avec sa chacune, la contredanse commença et ne fut interrompue que lorsque le vieux Fezziwig, frappant des mains, cria au menétrier : « C’est bien, mon garçon, et rafraîchissez-vous. » Le ménétrier plongea sa face rouge dans un pot de porter, mais quand il la retira ce fut pour racler encore avec une nouvelle ardeur, et les danseurs de sauter de plus belle !