bres de ma famille ; je veux dire mes aînés de quelques hivers, car je suis très-jeune moi-même.
— Je ne pense pas… j’ai peur que non… Avez-vous beaucoup de frères, Esprit ?
— Plus de dix-huit cents.
— Famille terriblement nombreuse à nourrir ! » murmura Scrooge.
L’Esprit de Noël présent se leva. « Esprit, dit Scrooge avec soumission, conduisez-moi où vous voudrez. Je fus conduit contre mon gré, la nuit dernière, et j’ai reçu une leçon dont je recueille le fruit. Cette nuit, si vous avez à m’apprendre quelque chose, je veux en profiter.
— Touchez ma robe. »
Scrooge obéit et s’y cramponna… Houx, gui, baies rouges, lierre, oies, gibier, volailles, jambons, viandes rôties, marcassins, saucisses, huîtres, pâtés, poudings, fruits et punch… tout s’évanouit à l’instant. Scrooge vit disparaître aussi la chambre, le feu, la joyeuse clarté : à la nuit succédait le jour, et ils se trouvèrent dans les rues, le matin de Noël : le froid étant sévère, les gens faisaient une singulière musique en balayant la neige de l’entrée de leur maison et de leur toiture, pendant que les jeunes garçons imitaient à leur manière les tempêtes de frimas et les avalanches.
Les façades des maisons et les fenêtres paraissaient bien noires par le contraste de la belle couche de neige