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LES APPARITIONS DE NOËL.

— C’est un temps de décembre. Vous n’êtes pas un patineur, je suppose ?

— Non, non… j’ai autre chose à faire. Bonjour. »

Pas un mot de plus, et les deux négociants se quittèrent.

Quelle importance pouvait donc attacher l’Esprit à des conversations en apparence si triviales ? qui était mort ? Ce n’était pas de Jacob Marley qu’il s’agissait… Ce défunt-là appartenait au passé. Scrooge suivait un Esprit que l’avenir seul regardait. Serait-ce ?… Scrooge se promit d’écouter de toutes ses oreilles et de regarder de tous ses yeux, mais surtout de remarquer sa propre image quand elle paraîtrait, s’attendant à trouver le mot de l’énigme dans la conduite que tiendrait ce futur lui. Il se chercha donc à sa place habituelle ; un autre l’y remplaçait, et vainement le cadran de la Bourse indiqua l’heure précise de sa venue ; personne qui lui ressemblât parmi cette multitude se pressant sur les degrés du porche de la Bourse. Sa surprise céda toutefois à cette réflexion qu’il méditait un changement complet dans sa vie habituelle.

Cependant le fantôme demeurait à côté de lui, toujours le bras tendu ; il sembla à Scrooge que l’œil invisible pénétrait la profondeur de sa pensée. Cela le fit frissonner.

Quittant le théâtre bruyant des affaires, ils allèrent dans un quartier obscur de la ville où Scrooge n’avait