Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
35
LE CRICRI DU FOYER.

le virent apparaître dans la cuisine du voiturier John ; il n’en avait ni la tournure, ni la taille, ni la physionomie, ni le costume ; avec son dos voûté, avec sa figure sèche, son chapeau rabattu presque sur le nez, avec les mains dans ses poches, et le regard oblique de son petit œil qui était plutôt un œil de corbeau qu’un œil humain. Cependant il avait l’intention de se marier.

« Sous trois jours, jeudi prochain, le dernier jour du premier mois de l’année, aura lieu mon mariage, » dit M. Tackleton.

Ai-je dit qu’il avait toujours un œil ouvert et l’autre presque fermé, et que c’était dans l’œil presque fermé qu’étincelait l’expression de son visage ? Non, j’ai oublié de le dire.

— Oui, jeudi sera mon jour de noces, répéta M. Tackleton.

— Et ce sera l’anniversaire du nôtre, s’écria John.

— Ah ! ah ! dit en riant M. Tackleton ; c’est drôle ; vous êtes tout juste un couple comme celui que nous allons faire, — oui, tout juste. »

On ne saurait décrire l’indignation de Dot, lorsqu’elle entendit cette présomptueuse assertion. En vérité ! Et pourquoi s’arrêterait-il en si beau chemin ? Qui l’empêcherait donc de s’imaginer qu’il serait aussi, au bout de neuf mois, le père d’un enfant comme celui de John ! Cet homme extravague, pensait Dot.

— John ! un mot, je vous prie, murmura M. Tackleton