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LE CRICRI DU FOYER.

une pipe. C’était une charmante scène de la voir introduire ses jolis doigts dans le fourneau, souffler dans le tube pour le nettoyer ; puis, cela fait, affecter de croire qu’il y avait réellement quelque chose encore dans ce tube, y souffler une douzaine de fois, le braquer devant son œil comme un télescope, et regarder, avec la plus gracieuse mignardise. Quant au tabac, son talent était parfait pour en bourrer le fourneau ; mais ce talent devenait de l’art, oui, de l’art, entendez-vous, lorsque le voiturier, ayant mis la pipe à la bouche, elle l’allumait avec un morceau de papier, sans jamais lui brûler le nez, quoique la flamme le touchât presque.

C’était de l’art, comme le reconnurent le Cricri et la Bouilloire, en recommençant leur concert, — le feu, par ses nouveaux jets de flamme, — le petit faucheur de la pendule, en fauchant silencieusement son pré imaginaire ; mais surtout comme le reconnut John lui-même, dont le front se dérida, dont le visage s’épanouit.

Pendant qu’il fumait sa vieille pipe, avec un air grave et pensif, regardant flamber le feu, écoutant l’heure sonner à la pendule de Hollande et le Cricri gresillonner, le Cricri, le génie de son foyer et de sa maison (car le Cricri l’était réellement), une magie naturelle évoqua autour de lui une multitude d’images féeriques, gracieuses personnifications du bonheur domestique. Des Dots de tous les âges et de toutes les tailles remplirent la cuisine ; des Dots joyeuses petites filles, qui couraient