Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
LE CRICRI DU FOYER.

dans le monde invisible, des voix plus douces et plus vraies, des voix sur lesquelles on puisse compter plus sûrement, ou qui donnent des conseils plus tendres que les voix empruntées par les Esprits du foyer et du coin du feu pour s’adresser aux hommes.

Caleb et sa fille travaillaient donc ensemble, dans leur atelier ordinaire, qui était aussi la pièce où ils se tenaient tous les jours, — et c’était une pièce étrange. Il y avait là des maisons finies et non finies, pour les poupées de tous les rangs, dans la hiérarchie sociale ; des maisons du faubourg pour les poupées d’une fortune médiocre ; des cuisines et des appartements à une seule pièce pour les poupées des classes inférieures ; de belles maisons de ville pour les poupées du grand monde. Quelques-unes de ces résidences étaient déjà meublées dans le style convenable aux poupées qui devaient les habiter, meublées pour un ménage avec de petits revenus, ou d’autres qui pouvaient l’être sur un simple avis, et en un moment, avec luxe, car il n’y avait pas loin à aller pour trouver des planches toutes garnies de chaises et de tables, de sofas, de lits, et de tout ce que nous fournit le tapissier. Les personnages de la noblesse, de la bourgeoisie et du peuple, à qui ces habitations étaient destinées, restaient couchés çà et là dans des corbeilles, les yeux fixés sur le plafond ; mais en marquant leur rang social, et en les mettant chacun à leur place (ce que l’expérience nous démontre être si difficile dans la