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LE CRICRI DU FOYER.

fille ; la jeune aveugle occupée à habiller une poupée ; Caleb peignant et vernissant la façade d’une charmante maison.

L’expression soucieuse qui ridait le visage de Caleb, son air rêveur et distrait, qui aurait parfaitement convenu à la physionomie d’un alchimiste ou d’un philosophe studieux, faisaient à première vue un singulier contraste avec son occupation et les trivialités dont il était entouré. Mais les choses triviales, qu’on invente ou qu’on exécute pour avoir du pain, deviennent des choses matériellement très-sérieuses… En dehors de cette considération, je ne suis nullement préparé moi-même à dire que si Caleb avait été un lord chambellan, ou un membre de la chambre des communes, ou un avocat, ou même un grand spéculateur, il n’aurait pas passé son temps à faire des bagatelles moins bizarres ; ce dont je doute, c’est que ces bagatelles eussent été aussi innocentes que les autres.

« Ainsi vous avez été à la pluie hier au soir, mon père, avec votre belle redingote neuve, disait la fille de Caleb.

— Avec ma belle redingote neuve, répondait Caleb en regardant une corde à linge sur laquelle était soigneusement étendue, pour sécher, la souquenille de toile d’emballage que nous avons déjà décrite.

— Combien je suis aise que vous l’ayez achetée, mon père !