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LE CRICRI DU FOYER.

Les gros paquets et les petits paquets, les uns à remettre, les autres à recevoir, forçaient encore le voiturier à faire de nombreuses haltes, qui n’étaient pas d’ailleurs le moindre des agréments du voyage.

Il y avait des gens si impatients de recevoir un paquet et d’autres si étonnés ! Il y en avait qui étaient si diffus quand ils recommandaient celui qu’ils confiaient à John, et John lui-même prenait un intérêt si vif à tous, que c’était une suite de scènes dramatiques. Enfin, il y avait des articles dont il était impossible de se charger, sans avoir au préalable une conférence et une discussion avec ceux qui en faisaient l’envoi. C’étaient alors des conciliabules auxquels Boxer assistait ordinairement, tantôt avec un accès d’attention immobile, tantôt en courant avec pétulance autour des discoureurs, et aboyant à s’enrouer. Ces petits incidents avaient Dot pour spectatrice, qui, les yeux ouverts, s’amusait de tout sans quitter son siège dans la voiture, charmant portrait, admirablement encadré par la toile de la bâche ; aussi, les jeunes gens qui l’apercevaient ne manquaient pas de se toucher du coude, de se regarder, de se parler bas, et d’exprimer, d’une manière ou d’autre, l’envie que leur inspirait l’heureux John. L’heureux John était ravi, il était fier de voir admirer sa petite femme, sachant bien qu’elle n’y faisait guère attention quoiqu’elle aussi, peut-être, n’en fût pas fâchée non plus.

Ce voyage avait lieu par un jour de brume, par un