Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/182

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Le joli petit visage de Dora s’allongeait, et elle avançait ses lèvres, comme si elle voulait fermer les miennes par un de ses baisers.

« Sauriez-vous l’acheter, ma petite ? » répétais-je alors d’un air inflexible.

Dora réfléchissait un moment, puis elle répondait d’un air de triomphe

« Mais le boucher saurait bien me la vendre ; est-ce que ça ne suffit pas ? Oh ! David que vous êtes niais ! »

Une autre fois, je demandai à Dora, en regardant le livre de cuisine, ce qu’elle ferait si nous étions mariés, et que je lui demandasse de me faire manger une bonne étuvée à l’irlandaise. Elle me répondit qu’elle dirait à sa cuisinière : « Faites-moi une étuvée. » Puis elle battit des mains en riant si gaiement qu’elle me parut plus charmante que jamais.

En conséquence, le livre de cuisine ne servit guère qu’à mettre dans le coin, pour faire tenir dessus tout droit maître Jip. Mais Dora fut tellement contente le jour où elle parvint à l’y faire rester, avec le porte-crayon entre les dents, que je ne regrettai pas de l’avoir acheté.

Nous en revînmes à la guitare, aux bouquets de fleurs, aux chansons sur le plaisir de danser toujours tra la la ! et toute la semaine se passait en réjouissances. De temps en temps j’aurais voulu pouvoir insinuer à miss Savinia qu’elle traitait un peu trop ma chère Dora comme un jouet, et puis je finissais par m’avouer quelquefois, que moi aussi je cédais à l’entraînement général, et que je la traitais comme un jouet aussi bien que les autres ; quelquefois, mais pas souvent.


Je sais qu’il ne m’appartient pas de raconter, bien que ce manuscrit ne soit destiné qu’à moi seul, avec quelle ardeur je m’appliquai à faire des progrès dans tous les menus détails de cette malheureuse sténographie, pour répondre à l’attente de Dora et à la confiance des es tantes. J’ajouterai seulement, à ce que