Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/285

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« Je n’ose demander à mon ancien ami monsieur Copperfield, ou à mon ancien ami M. Thomas Traddles, du Temple, si ce dernier vit encore, de daigner venir m’y trouver, pour renouer (autant que cela sera possible) nos relations du bon vieux temps. Je me borne à jeter aux vents cette indication à l’heure et au lieu précités, on pourra trouver les vestiges ruinés de ce qui

« resta
« d’une
« tour écroulée,
« Wilkins Micawber.

« P. S. Il est peut-être sage d’ajouter que je n’ai pas mis mistress Micawber dans ma confidence. »


Je relus plusieurs fois cette lettre. J’avais beau me rappeler le style pompeux des compositions de M. Micawber et le goût extraordinaire qu’il avait toujours eu pour écrire des lettres interminables dans toutes les occasions possibles ou imposaibles, il me semblait qu’il devait y avoir au fond de ce pathos quelque chose d’important. Je posai la lettre pour y réfléchir, puis je la repris pour la lire encore une fois, et j’étais plongé dans cette nouvelle lecture quand Traddles entra chez moi.

« Mon cher ami, lui dis-je, je n’ai jamais été plus charmé de vous voir. Vous venez m’aider de votre jugement réfléchi dans un moment fort opportun. J’ai reçu, mon cher Traddles, la lettre la plus singulière de M. Micawber.

—Vraiment ! s’écria Traddles. Allons donc ! Et moi j’en ai reçu une de mistress Micawber ! »

Là-dessus, Traddles, animé par la marche, et les cheveux hérissés comme s’il venait de voir apparaître un revenant sous la double influence d’un exercice précipité et d’une émotion vive, me tendit sa lettre et prit la mienne. Je le regardais lire, et je vis son sourire quand il arriva à « lancer la foudre, ou diriger la flamme vengeresse. » — « Bon Dieu ! Copperfield, » s’écria-t-il. Puis je m’adonnai à la lecture de la lettre de mistress Micawber.

La voici :


« Je présente tons mes compliments à monsieur Thomas Traddles et, s’il garde quelque souvenir d’une personne qui a jadis en le bonheur d’être liée avec lui, j’ose lui demander de vouloir bien me consacrer quelques instants. J’assure