Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/93

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lui avons acheté une petite place qui lui convient beaucoup mieux. »

Je connaissais assez M. Jack Maldon pour soupçonner, d’après cela, que c’était uns place où il ne devait pas y avoir beaucoup d’ouvrage, et qui était bien payée. Le docteur continua, en appuyant toujours la main sur mon épaule et en me regardant d’un air encourageant :

« Maintenant, mon cher Copperfield, causons de votre proposition. Elle me fait grand plaisir et me convient parfaitement ; mais croyez-vous que vous ne pourriez rien faire de mieux ? Vous avez eu de grands succès chez nous, vous savez ; vous avez des facultés qui peuvent vous mener loin. Les fondements sont bons : on y peut élever n’importe quel édifice ne serait-ce pas grand dommage de consacrer le printemps de votre vie à une occupation comme celle que je puis vous offrir ? »

Je repris une nouvelle ardeur, et je pressai le docteur avec de nombreuses fleurs de rhétorique, je le crains, de céder à ma demande, en lui rappelant que j’avais déjà, d’ailleurs, une profession.

« Oui, oui, dit le docteur, c’est vrai ; certainement cela fait une différence, puisque vous avez une profession et que vous étudiez pour y réussir. Mais, mon cher ami, qu’est-ce que c’est que soixante-dix livres sterling par an ?

— Cela double notre revenu, docteur Strong !

— Vraiment ! dit le docteur. Qui aurait cru cela ! Ce n’est pas que je veuille dire que le traitement sera strictement réduit à soixante-dix livres sterling, parce que j’ai toujours eu l’intention de faire, en outre, un présent à celui de mes jeunes amis que j’occuperais de cette manière. Certainement, dit le docteur en se promenant toujours de long en large, la main sur mon épaule, j’ai toujours fait entrer en ligne de compte un présent annuel.

— Mon cher maître, lui dis-je simplement, et sans phrases cette fois, j’ai contracté envers vous des obligations que je ne pourrai jamais reconnaître.

— Non, non, dit le docteur, pardonnez-moi ! vous vous trompez.

— Si vous voulez accepter mes services pendant le temps que j’ai de libre, c’est-à-dire le matin et le soir, et que vous croyiez que cela vaille soixante-dix livres sterling par an, vous me ferez un plaisir que je ne saurais exprimer.

— Vraiment ! dit le docteur d’un air naïf. Que si peu de