Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/139

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Au ton de voix que prit M. Omer pour exprimer ce regret, je compris qu’Émilie n’était pas loin, et, lui ayant demandé la permission de regarder à travers les vitres de l’atelier de couture, je vis, en effet, Émilie à l’ouvrage. Je la vis, cette ravissante petite Émilie, car c’était encore pour moi la petite Émilie, avec ses yeux bleus si purs, ce mélange de candeur et d’innocente malice qui avaient exalté mon cœur d’enfant, et qui, aujourd’hui, rendaient jalouses toutes les beautés de Yarmouth… délicieuse physionomie, en effet, où se retrouvait toute la naïveté de ses premières années.

Pendant que je la contemplais ainsi, retentissait encore le même écho monotone qui semblait n’avoir pas discontinué depuis que j’étais entré une première fois dans cette maison, où, depuis lors, on n’avait pas cessé de confectionner les parures de noces et les décorations de corbillard.

« — Entrez, » me dit M. Omer, « parlez-lui ; ne vous gênez pas, faites comme si vous étiez chez vous.

» — Non, non, » répondis-je arrêté par je ne sais quelle fausse honte, par je ne sais quelle crainte de surprendre Émilie. Je me contentai de demander à quelle heure elle